6. Les pays et/ou leurs régions face à l’épidémie


Comment évaluer et comparer l’ampleur de la crise ?
La taille variable des populations a sans aucun doute un impact sur le nombre de décès survenus durant l’épidémie. Les données disponibles sur ce site comprennent aussi les effectifs de population par sexe et âge. Tenir compte des différents effectifs exposés au risque est un préalable en épidémiologie à l’analyse de pathologies et éventuellement des risques de mortalité.

Mais c’est justement cette idée d’exposition qui pose question : très probablement grâce aux mesures barrières et au confinement qui ont limité la circulation du virus, ce n’est pas l’ensemble de la population d’un pays qui a été soumise au risque de décéder du COVID-19, mais celle des régions où l’épidémie a flambé du fait de la combinaison d’un événement déclencheur (rassemblements de grande échelle) et de facteurs d’attisement (densité des populations, circulation, rencontres). Nous ne fournissons pas ici les données à une échelle plus fine, mais avons poussé l’analyse ici pour illustration (des données régionales sont disponibles sur les sites des agences sanitaires des différents pays).

Il semble que la pandémie agisse par foyers comme les incendies, dont le confinement et mesures barrières ont probablement permis de contenir la propagation à toutes les régions, si ce n’est d’avoir évité totalement des « départs de feu ». L’accent mis sur les régions plus ou moins touchées par les épidémies au sein des pays, comme le propose la note jointe, montre l’intérêt de modifier l’échelle d’analyse pour mieux comparer les situations entre les pays.

Cette question de « zone géographique de référence » est essentielle pour celles et ceux qui souhaitent estimer les risques de mortalité et évaluer la létalité du COVID-19. On constate par exemple en France que les deux régions les plus touchées concentrent 61% du total des décès (hospitaliers et institutions publiés par SpF.) alors que leurs effectifs ne représentent que 26% de la population français. Cette approche montre par exemple une plus grande proximité des situations de régions européennes épargnées, comme la Bretagne, ou des régions Ile-de-France, Grand-Est et Lombardie très touchées, qu’entre régions françaises ou entre régions italiennes. L’ajustement sur les populations à l’échelle des régions semble un prérequis pour une comparaison des risques de mortalité. Un tel exercice sera bien plus robuste en fin d’épidémie lorsque la publication de tous les décès sera finalisée par les instituts de statistiques.

Tableau 6.1 Effectifs et pourcentage de population de quatre régions françaises et France entière et des cumuls de décès par COVID-19 publiés dans ces régions et France entière au 16/04/2020. Données régionales disponibles sur les sites des agences sanitaires des différents pays

  Ile-de-FranceGrand-EstHauts de FranceBretagneFrance
Population (1.1.2020)12 278 2105 511 7475 962 6623 340 37967 063 703
% population France18%8%9%5%100%
Décès COVID-196 8933 3951 28221416 646
% total des décès
41%20%8%1%100%
      
Décès / population0.06%0.06%0.02%0.01%0.02%

Source : Points épidémiologiques national et régionaux du 16/04/2020. Santé publique France

Figure 6.1 Décès quotidiens par COVID-19 survenus dans les régions très affectées (Hubei, Chine ; Lombardie, Italie ; Grand-Est et Ile-de-France, France, Madrid, Espagne) et peu affectées, Robin-Champigneul. brève. 16 mai 2020